Poser ses valises… dans une entreprise


C’est étonnant, quand j’y pense. Avant, lorsque la DRH m’annonçait le prochain challenge commercial, j’avais tendance à faire la tête. J’ai travaillé pour pas mal d’entreprises qui étaient plus habiles à manipuler le bâton que de la carotte. Dans ces boîtes, la DRH nous demandait de tout donner mais donnait très peu en échange. Il fallait donc tout donner durant des mois pour gagner une prime misérable, c’est assez irrespectueux. La société pour laquelle je travaille désormais a cependant être un peu mieux expérimentée en management. Du coup, quand elle présente un incentive, le prix est à la hauteur de l’effort exigé. Et ça, ça change tout. Du coup, c’est avec enthousiasme que je reçois le prochain incentive, et je me donne à 200 %. L’année dernière, j’ai ainsi gagné un iPad, un scooter, des places de ciné (dans le cadre d’un mini-challenge)… Si j’étais déjà enchanté de ces primes en nature, il y a deux mois, j’ai néanmoins remporté le gros lot : un voyage de 5 jours en Mongolie ! Pourtant, au départ, je dois avouer que je n’étais pas très motivé à cette idée. J’aurais de loin préféré effectuer ce voyage avec ma femme. Parce que voyage avait lieu entre collègues, naturellement (pour renforcer les liens entre collègues, challenge commercial tout ça). Le concept m’embarrassait pas mal. Voyager avec des collègues, ce n’est pas à proprement parler du boulot, mais ce n’est pas non plus des vacances. J’imagine que c’est la même chose en ce qui vous concerne : on ne se comporte pas de la même façon avec ses collègues et on se comporte à la maison. Il faut jouer un rôle, le rôle du type qui se lâche parce qu’il n’est plus dans un bureau, mais tout en faisant quand même attention à ce qu’il fait, vu que ses collaborateurs sont à portée d’oreilles. Enfin, ça, c’est ce que je croyais avant de partir. Une fois sur place, je me suis surtout pris conscience qu’un trip entre collègues, ça permet tout autant d’être naturel. Mais d’un naturel très différent de celui qu’on a avec sa femme. J’ai eu mal aux cheveux au cours de ce voyage, mais je dois dire que ça fait tout de même un bien fou. Je craignais surtout que les activités proposées sur place aient autant de goût qu’un sandwich sous vide. Vous savez, le genre d’ activité où vous avez l’impression d’être dans un Disneyland en carton pâte. J’ai déjà vécu ce genre de moment au cours de voyages avec ma femme, et ça ne m’a vraiment pas plu. Mais mon entreprise a, là aussi, su tirer son épingle du jeu : elle a fait appel à une agence spécialisée qui a tout organisé d’un bout à l’autre, et nous a concocté un voyage vraiment authentique. Si le programme a été vraiment chargé (nous sommes rentrés plus crevés que détendus), ça a été un vrai plaisir : il ne s’agissait pas d’un séjour touristique (le colon venant s’amuser chez les indigènes), mais d’un séjour authentique où nous avons non seulement découvert la culture locale mais également échangé avec les habitants et entre collègues. Je craignais surtout que les activités qu’on nous réserve sur place soient atterrantes. Vous savez, le genre d’activité qui semble avoir été conçue par un animateur de colo qui n’a pas compris qu’il avait affaire à des adultes. La direction a fait d’une pierre deux coups, sur ce coup-là : elle a non seulement satisfait ses employés grâce à ce voyage, mais a surtout contribué à resserrer les liens entre ceux-ci. Depuis ce voyage, je me dis que je suis en définitive arrivé à destination. Pendant une longue période, j’ai changé de boîte comme de chemise. Aujourd’hui, je ne regarde même plus de quelle couleur est l’herbe du voisin. Et vous savez quoi ? Ca change la vie, de se sentir enfin arrivé quelque part.


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